« A lire ce mercredi dans Libération, un entretien au long cours avec Eva Joly, invitée spéciale de la rédaction. L’interview a été réalisée au journal le lundi 19 mars, mais n’avait pas pu être publiée le lendemain en raison de l’actualité à Toulouse. Elle a été réactualisée pour publication ce mercredi. L’extrait vidéo date du 19 mars. »
Comment réagissez-vous à l’ordonnance du juge Gentil qui soupçonne Patrice de Maistre, l’ex-gestionnaire de fortune des Bettencourt, d’avoir effectué deux remises de fonds à la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy ?
Le juge Gentil fait son travail. Que le cabinet noir autour de Nicolas Sarkozy avec à sa tête M. Patrick Buisson – qui avec sa société de sondages a été dans ce quinquennat donneur d’ordres et producteur d’enquêtes d’opinion – ne soit pas content, je le conçois. Mais le financement de la vie politique est une vraie question. M. Sarkozy et son entourage ne pourront pas éviter que la transparence soit faite sur les affaires Bettencourt, Karachi et Takieddine.
Nicolas Sarkozy doit-il s’expliquer ?
Il est candidat, il veut que les citoyens lui fassent confiance pendant cinq ans, nous sommes en droit de connaître sa version des faits. Il bénéficie d’une immunité totale en tant que président de la République, il n’y a que lui qui peut y renoncer et demander à être entendu par le juge Gentil. Mais vous noterez que le procureur, lorsqu’il a communiqué pour dire pourquoi M. de Maistre était détenu, a caché que c’était pour financement illégal de campagne.
Oui c’est très fort cette combinaison. Il n’est de pire sourd que celui qui ne veut entendre. Les français sont sourds, et ils n’ont pas d’excuses. Internet permet à celui qui le souhaite de s’informer.
Je suis très touché par votre courage Eva Joly, et très conscient des difficultés que vous rencontrez et décrivez face à ce groupe de journalistes exclusivement… masculin.
Mais sachez que l’histoire vous saura gré de votre engagement.
J’ai vécu 5 ans en Belgique et bien souvent, j’étouffe de cette ethnocentrisme rigide et trouillard français (le complexe du perdant? cf 2ww).
Mais je dois dire que vous êtes une vraie bouffée d’oxygène dans cette campagne et que mes engagements rencontrent les vôtres.
Merci de votre lucidité, intelligence et force et tenez bon, le français est réac mais se souvient, et regrette parfois…
Sylvain