COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Bruxelles, le 23 avril 2011
Hélène Flautre et Eva Joly – Députées européennes Europe Ecologie-Les
Verts
Depuis deux mois les tunisiens déploient des prouesses de générosité, de
disponibilité et de solidarité pour accueillir 250 000 migrants
fuyant la Libye. Les responsables du HCR ne tarissent pas d’admiration et
de remerciements devant les convois de vivres venus de toute la Tunisie,
les accueils chez l’habitant, la coopération exemplaire des autorités
tunisiennes, la régularisation à la frontière tunisienne
du séjour de toute personne fuyant la guerre. Pendant ce temps, depuis
plus de trois mois, les ministres italiens et français se livrent à un jeu
de ping-pong indécent pour se renvoyer 20 000 tunisiens arrivés sur l’île
de Lampedusa, M Guéant allant même jusqu’à évoquer la suspension des
accords de Schengen la veille du sommet franco-tunisien ! Ces
gesticulations médiatiques sont grotesques, elles nous font honte.
Mettre à mal la liberté de circulation dans l’espace Schengen, liberté au
fondement du projet européen, est irresponsable. Y’aurait-il atteinte à la
sécurité nationale en permettant à de jeunes tunisiens de visiter leur
famille et amis, de travailler, de souffler
après 23 ans de dictature? Au contraire tout ministre avisé et soucieux de
l’avenir devrait y voir un acte de solidarité concrète à l’endroit du
peuple tunisien, la promesse de relations renouvelées avec une Tunisie
démocratique, et, sur le plan économique… une aubaine! Des milliers de
jeunes formés et désireux de travailler ne peuvent que contribuer
positivement à l’équilibre des finances publiques, et au développement des
activités.
Les déclarations gouvernementales à répétition sur l’immigration heurtent
nos sentiments fraternels, s’exonèrent de nos valeurs républicaines mais
elles sont aussi un redoutable contre-sens économique!
A l’agenda du sommet franco-italien, nous demandons que les autorités des
deux pays:
• Déclarent un moratoire immédiat sur les renvois de Tunisiens en Tunisie
• Accordent l’admission exceptionnelle au séjour des Tunisiens déjà
arrivés en France et en Italie
• Garantissent l’accès au territoire européen aux personnes en quête de
protection et s’abstenir de toute mesure ou accord qui pourraient
l’entraver
• Mettent en œuvre le dispositif permettant d’accorder la protection
temporaire prévue par la directive du 20 juillet 2001 à toutes celles et
ceux qui peuvent s’en prévaloir
• Accueillent, dans le cadre de la réinstallation, les réfugiés présents à
la frontière tuniso-libyenne qui le souhaitent
• Offrent l’asile ou une protection à toutes les personnes qui ne peuvent
être rapatriées du fait de la situation dans leur pays d’origine.
A court terme, il importe de mettre en place un programme européen d’aide
et de coopération avec la Tunisie qui permette à ses ressortissants
d’entrer régulièrement dans les Etats membres pour y travailler ou y faire
des études.