Bondyblog/Eva Joly à Nicolas Hulot : Bienvenue au club !

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Dans une interview au Bondy Blog, la candidate aux primaires d’Europe Ecologie Les Verts prévues fin juin-début juillet, veut croire que l’ex-présentateur d’Ushuaia, qui s’est déclaré ce matin candidat à la présidentielle de 2012, jouera « collectif ».

Nicolas Hulot à Sevran, vous sur le Bondy Blog : pourquoi cet intérêt des écologistes pour la banlieue ? Eva Joly :Personnellement, j’ai vécu 22 ans en banlieue, dans le sud de l’Essonne. J’étais une utilisatrice de la ligne C du RER, donc je connais bien les galères liées aux transports en banlieue. Pour Nicolas Hulot, c’est une façon de se positionner et de dire que l’écologie politique n’est pas uniquement environnementale, que c’est aussi du social. Je lui dis : « Très bien, bienvenu au club ! » Il a compris, je pense, que le social fait partie intégrante de l’écologie politique et qu’on ne peut pas opérer la transformation écologique de la société sans plus de justice.

Qu’est-ce qui vous différencie du présentateur d’Ushuaia ?

Je pense que nous avons des parcours différents. Le travail qu’il a fait, sensibiliser l’opinion, n’est plus à faire. Il n’y a plus de défrichage à opérer, les dangers liés au non-respect de l’écologie sont connus, c’est acquis. Nous nous différencions sur les actions à entreprendre. Mes combats parlent pour moi, je suis quelqu’un qui a combattu pour l’égalité devant la justice, pour plus de justice entre le Nord et le Sud depuis 15 ans. Je ne suis pas une nouvelle venue.

Nicolas Hulot est-il, lui, un nouveau venu ?

C’est un nouveau venu sur les thèmes de la justice sociale.

Vous pensez pouvoir rassembler davantage de personnes autour de vous que lui ?

J’ai connu des combats difficiles, des combats où personne ne croyait en mes chances de victoire. En tant que juge, je me suis attaquée à des intérêts puissants, on a voulu m’arrêter dans mon action, j’avais peu de chances d’y arriver mais j’ai porté ces combats jusqu’au bout. J’ai mené un combat contre les paradis fiscaux, contre l’utilisation que les multinationales font de ces structures parallèles qui leur permettent de ne pas payer d’impôts et de piller les ressources des pays en voie de développement. Ce système, je l’ai combattu. C’est une assurance pour les électeurs de savoir que je peux porter des combats difficiles. Je sais bien que l’intérêt des multinationales n’est pas l’intérêt général, et c’est justement l’ignorance de ce genre de clivage qui marque la différence entre Nicolas Hulot et moi. Le combat qui s’annonce (ndlr : l’élection présidentielle) sera difficile, il ne peut pas être consensuel, et c’est exactement l’ambiguïté du discours de Nicolas Hulot. On est tous d’accord sur le diagnostic, mais il ne suffit pas de lancer un appel, il faut savoir quelle stratégie mener et avec quels partenaires.

Dix-neuf pour cent des Français souhaitent que Nicolas Hulot devienne président, selon un sondage. L’intérêt des écologistes n’est-il pas de présenter le candidat qui a les meilleures chances ?

Nous avons organisé des primaires justement pour pouvoir débattre sereinement des différentes visions où les candidats pourront faire valoir leurs différents points de vue. C’est aux primaires qu’il incombe de départager les candidats. Pour moi, la démocratie, elle est avec la réalité, dans les rencontres avec les citoyens et dans un vote qui conclut cette action. Elle n’est pas dans les sondages, surtout pas à une année de l’échéance. Il y a une assez facile confusion entre popularité et intentions de vote. Ce que vous dites dans un sondage et ce que vous faites dans l’isoloir un an après peut différer.

Qu’avez-vous pensé de son discours à Sevran ?

Pour nous sa candidature est positive. Encore une fois, bienvenue au club. Nous allons faire du bon boulot ensemble. Les primaires ce n’est pas une confrontation, elles sont là pour pouvoir présenter aux Français les différents aspects de l’écologie politique et les inciter à participer à ce vote. Je suis heureuse de pouvoir faire ça avec lui, je l’invite à faire du terrain avec nous. Je l’invite à venir en Seine-Saint-Denis le 4 mai, à coté des parents mobilisés qui protestent contre les non-remplacements des professeurs. Qu’il montre avec moi, que notre combat commun vise aussi à améliorer la vie des habitants de banlieue. Qu’il vienne aussi  manifester avec moi, lundi prochain, à Flamanville, pour montrer notre volonté de sortir du nucléaire.

Pensez-vous que Nicolas Hulot acceptera de se présenter aux primaires d’Europe Ecologie Les Verts ?Je n’envisage pas que Nicolas Hulot veuille se présenter en contournant Europe Ecologie Les Verts,  une telle attitude affaiblirait l’écologie politique et au final ferait le jeu de la droite et de Nicolas Sarkozy. Je souhaite sa participation, sa notoriété est un atout, et les débats des primaires permettront d’aborder les principaux thèmes qui intéressent nos concitoyens, et de porter haut et fort l’écologie politique. Ils permettront de clarifier nos positions sur la sortie du nucléaire, sur la place des multinationales dans la dégradation de l’environnement. Chacun aura à dire comment il envisage de construire l’alternative à Nicolas Sarkozy, avec quels partenaires, et sur quel projet.

La présence de Nicolas Hulot à Sevran n’est pas anodine. Le maire de cette ville, Stéphane Gatignon, veut légaliser le cannabis. Quelle est votre position à ce sujet ?

Ma position est connue depuis longtemps, je suis pour la légalisation. Je pense que la présence de Nicolas Hulot veut aussi dire qu’il partage ce combat historique des Verts.

Qu’en est-il de l’implantation des écologistes en banlieue ?

Il y a un énorme travail à faire. Bien à tort, certains habitants de banlieue perçoivent que l’écologie n’est pas une chose qui les concerne. C’est une forme de luxe associée aux produits bios qui sont plus chers. Nous avons un travail à faire pour montrer qu’au cœur de l’écologie politique, il y a des mesures sociales, comme l’encadrement des loyers, un programme de transports, sortir les bâtiments de la précarité énergétique, des mesures sur les salaires minimaux, des thèmes qui les concernent dans leur vie de tous les jours. Nous devons changer l’image de l’action des écologistes en banlieue.

Propos recueillis par Idir Hocini

 

6 réactions • Réagissez à cet article !

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  1. Madame,
    Après les évènements de ces deux derniers jours et l’arrestation de DSK, qui tombe étrangement à point nommé, alors que la France s’est engagée dans une guerre en Lybie au côté des Etats Unis, sans consulter le peuple français à ce sujet et que Nicolas Sarkozy est au plus bas de sa cote auprès des français avec justement comme principal adversaire Dominique Strauss Khan (comme quoi certains hasards font bien les choses), il semble urgent que les forces de gauche confondues se rallient les unes aux autres pour contrer le scénario que l’on est en train de voir se mettre en place. Je ne nie pas les qualités de Monsieur Hulot, qui nous a offert durant des années de merveilleuses émissions sur la planète, mais il me semble qu’il faut d’autres qualités pour diriger un pays et qu’il serait plus utile qu’il mette sa notoriété au service de votre partie car, sans vouloir froisser son égo, je pense que vous avez prouvé par toutes les actions que vous avez mené non seulement votre courage, votre droiture, votre détermination mais avant toutes autres choses votre parfaite connaissance du monde des affaires. Nombreuses sont les personnes à travers le monde qui ont compris que certains gouvernements sont mis en place par les puissants de ce monde dans le seul but d’augmenter leurs capitaux au détriment de la santé humaine, de la souffrance des plus faibles et de la survie de notre planète. Le gouvernement qui s’achève nous a prouver qu’il ne prenait nullement en considération l’avis du peuple français et encore moins ses besoins, ses désirs et qu’il fesait passer de force toutes ses décisions même après des grèves et manifestations à répétition. Les français en ont assez et le peuple gronde et si par malheur certains repassent ou passent, je pense que nous irons vers de très violents affrontements. Je n’ai plus l’impression de vivre dans une démocratie mais dans une république bananière où seul prime l’intérêt de certains. J’ai honte pour l’image de mon pays, honte parce que nos ancêtres ont versés leur sang pour obtenir des droits que l’on cherche à nous reprendre en faisant de nous de bons esclaves bien disciplinés. Où se situe le partage, la solidarité entre les hommes, l’amour de son prochain, l’humain simplement dans tout cela et comment ces gens peuvent avoir l’aplomb de nous faire des leçons de morale alors qu’ils n’en ont aucune.
    Amicalement

  2. Que connait du social HULOT? ABSOLUMENT RIEN!il ne faut lui laisser faire ses désirs. POUR LES PRIMAIRES IL VEUT QU L’ON élargisse les électeurs.IL PROPOSE DE FAIRE PAYER 20 EUROS DE PARTICIPATION (pour ses petits copains)mais qu’ensuite il ne soit pas tenu d’étre adhérent EELV. IL veut se servir de nous pour son élection mais aprés moi je ferait comme il me semblera. Pas question de cela.Nous sommes majeur et pouvons choisir nous mème un candidat s’engageant à oeuvrer pour EELV.
    Bernard BASCOUL

  3. Bonjour Eva Joly,

    Je suis assistante sociale, fille d’émigrés, femme de chômeur de longue durée…et adhérente EELV.
    Il faut impérativement que vous vous attaquiez à ce qui détruit ce pays…
    La pauvreté, l’incompétence et le manque de moyens d’une institution comme Pôle Emploi, un exemple parmi d’autres, (il faut former les agents, donner les moyens humains et techniques, interdire les radiations abusives…)Travailler sur un revenu citoyen …comme en Norvège, il me semble?
    Interdire l’exclusion : un revenu contre une activité d’utilité sociale…un revenu qui permettrait de couvrir les besoins primaires: logement, chauffage, mutuelle, alimentation…et qui sortirait de l’assistanat…de la solitude…du sentiment d’inutilité sociale…Il y a beaucoup de choses à faire…
    Cordialement. Anne-Marie Gagliardi Maire

  4. … de ceux qui accueillent.
    Pardon pour cette grosse faute !

    Laurent.

  5. Chère Eva. Vous voilà confrontée à la candidature de Nicolas Hulot que vous prenez avec beaucoup de sérénité, ce qui ne m’étonne pas de vous.Pourquoi notre écolo-surfeur télévisuel se réveille-t-il seulement à la veille des présidentielles, pour se déclarer une âme écologiste? C’est la question qui me préoccupe. Il aurait pu s’insurger sur le non respect de la signature du pacte, par Nicolas Sarkosy, sur le naufrage organisé du Grenelle , s’indigner de la destruction des acquis sociaux qui vont bon train depuis ces 3 dernières années, sur la précarisation grandissante d’une frange de la population de plus en plus grande, sur la destruction de l’enseignement, de la justice, sur les atteintes à l’environnement…. bref s’indigner de tout ce que la droite nous fait subir pour le profit de quelques uns, mais PERSONNE ne l’a entendu sur ces sujets. Bizarre non ce réveil soudain pour l’écologie politique? Pourquoi n’a-t-il pas rejoint EELV plus tôt? Qui peut nous assurer qu’il n’est pas entrain d’organiser le Greenwashing pour ses amis de droite comme de gauche? Bon courage Eva, je suis de tout cœur avec vous et je fais suivre votre appel.

  6. Très chère Mme Joly,
    Nous y voilà. Mr Nicolas Hulot se présente comme candidat à la mandature suprême, et sans passer par la case départ? Quel manque de courtoisie. Ceci démontre,en premier lieu,la taille quelque peu disproportionnée de l’égo de notre kite-surfeur télévisuel,ainsi qu’un certain manque de courage face au débat de fond que devrait susciter la campagne des primaires.Cela promet.
    De tout coeur avec vous
    Nanfer.